Vivre et surmonter le deuil
Vous avez perdu un être cher : votre conjoint, votre enfant, un parent… ou vous aidez une personne qui vit cette épreuve… Qu’est-ce, au juste, que le deuil ? Que faire pour le surmonter ? Comprendre les étapes de cet évènement douloureux, c'est se donner des ressources pour mieux y faire face.
Le deuil : des repères pour s'y retrouver
Le deuil est un processus de cicatrisation qui se fait naturellement, sans qu’on le décide. Mais cela prend du temps…
Durant ce parcours, bien des émotions peuvent se succéder :
- La souffrance, aussi bien du cœur que du corps ; propre à chacun en fonction de son histoire, elle est plus ou moins forte, s’exprime de manière différente selon les personnes. Elle survient dès le choc du décès ou de l’annonce d’un évènement grave, s’intensifie, puis s’apaise généralement avec le temps.
- La culpabilité : « Et si…j’avais fait, j’avais dit… » Des remords, des regrets peuvent survenir, liés parfois à des évènements objectifs mais, le plus souvent, ambivalents et liés à la coexistence de sentiments divers, parfois inconscients.
- La colère, parfois orientée vers les autres (soignants, entourage), ou vers le défunt lui-même : « Pourquoi m’a-t-il fait ça ? », « ils n’ont pas su le sauver ! ». La recherche d’un responsable peut être un moyen de se protéger dans un premier temps contre une douleur qui vous submerge.
- Le déni : Parfois, la reconnaissance de la réalité de la mort est complexe ; mécanisme de défense inconscient, le déni agit alors comme un anesthésiant pour protéger de la violence du choc : La personne endeuillée continue à faire « comme si ». La mettre devant la réalité des faits est prématuré à ce stade : elle a besoin de temps pour pouvoir les accepter.
Si le déni perdure, cela peut être signe d’une complication du deuil.
Un vécu différent selon les situations
Même s’il n’existe pas de hiérarchie dans la souffrance, le deuil se vit de manière différente selon l’âge, le lien avec le défunt…
- Pour le conjoint, la disparition de l’autre confronte non pas à un, mais à deux deuils : celui de la personne décédée, mais aussi celui du « duo » qui s’était formé…L’absence physique est concrète, immédiate, quotidienne : vers qui se tourner, à qui se confier désormais ? La sécurité matérielle, financière, peut être aussi remise en cause, y compris pour les enfants : un déménagement, une reprise d’activité peuvent s’avérer nécessaires, ainsi qu’une réorganisation complète de la vie familiale.
- L’enfant, lui, vivra différemment le deuil selon son âge : alors que le nourrisson ressentira essentiellement la détresse et l’émotion de ses proches, et/ou leur manque de disponibilité, l’enfant plus âgé pourra rechercher le défunt partout, et, jusqu’à 6 ans environ, penser qu’il va revenir ! L’enfant entre 6 et 8 ans, en revanche, sera capable d’intégrer le caractère irréversible de la mort, ce qui peut le fragiliser, y compris socialement et sur le plan scolaire. Quant à l’adolescent, il peut soit vivre le deuil en régressant vers l’enfance ou être poussé à entrer plus vite dans l’âge adulte, en se responsabilisant pour protéger sa famille.
- Les parents, grands-parents en deuil, vivent le plus souvent l’expérience la plus traumatique de leur vie. Selon les circonstances du décès, ils peuvent éprouver -outre la tristesse- de la culpabilité, de la honte, de l’impuissance, voire même se heurter à l’incompréhension de leur entourage. En particulier, la perte d’un « tout petit », avant ou juste après la naissance, peut occasionner des troubles spécifiques, surtout lorsque cette perte est minimisée par la société.
- L’adulte en deuil d’un parent, lui, perd une partie de son histoire de vie, ce qui peut s’accompagner d’un sentiment de vulnérabilité et d’insécurité.
- Enfin, d’autres deuils sont moins reconnus : celui du soignant, ou encore de l’ami, du proche, du collègue…dans toutes ces situations, peu ou mal identifiées, il est important de pouvoir exprimer sa souffrance et d’être entouré, entendu et compris.
A savoir
Le jeune peut être amené à vivre son chagrin dans une grande solitude, ce qui le pousse parfois à prendre des risques.
Certaines associations proposent des rencontres entre adolescents en deuil pour leur permettre de se sentir écoutés, compris par d'autres jeunes confrontés aux mêmes souffrances.
Prendre soin de soi, trouver du soutien auprès des proches
Il est important de s’autoriser à pleurer, crier, exprimer sa peur, sa colère, sa culpabilité. Peu à peu, cela permet d’épuiser l’intensité de ses émotions et aide à retrouver une certaine paix intérieure.
Prendre soin de soi physiquement et psychiquement est également primordial pour limiter l’effet sur l’organisme du stress lié au deuil : veiller à son sommeil, à son alimentation, avoir une activité sportive ou simplement marcher régulièrement contribuent à retrouver cet équilibre de vie.
L’entourage peut être le premier soutien de la personne en deuil. Mais pour éviter les éventuelles maladresses, il est utile que ce soit la personne en deuil elle-même qui fasse part de ses besoins et indique, selon le moment, ce qui pourra être aidant pour elle.
A savoir
Environ 25% des deuils sont dits "compliqués", ce qui signifie qu'ils nécessitent un accompagnement associatif spécifique, voire même l'aide de thérapeutes professionnels.
Solliciter l’écoute et l’aide des professionnels et associations
Des professionnels de l’écoute tels que les psychologues ou psychiatres peuvent vous aider à traverser cette épreuve, notamment dans les cas de deuils dits « compliqués ». Votre médecin généraliste peut vous orienter.
Il existe aussi des associations dans lesquelles les bénévoles qui accompagnent les personnes en deuil sont formés à ce soutien spécifique.
Même si les offres varient d’une structure à l’autre, elles proposent généralement un accueil, une écoute bienveillante, la possibilité de reconnaître et d’exprimer ses émotions (même violentes), le repérage des spécificités du deuil vécu par la personne, la compréhension du cheminement du deuil et de ses éventuels blocages et l’orientation vers un professionnel lorsque cela s’avère nécessaire. Un groupe de parole peut être également proposé aux personnes endeuillées qui le souhaitent.